L’un des tous meilleurs arbitres français vient d’arrêter sa carrière. Benjamin Casty a bien voulu répondre à quelques questions sur son passé et surtout l’avenir, le sien, celui de l’arbitrage et plus généralement le rugby à XIII.
Benjamin, tu es un pilier de l’arbitrage français depuis de nombreuses années et à ce titre, beaucoup de joueurs, dirigeants, bénévoles connaissent t’ont déjà croisé. Peux-tu juste rappeler le ou les événements déclencheurs de ta carrière d’arbitre ? Et aussi, ce qui t’a incité à la continuer ?
Benjamin Casty : À la fin de ma petite carrière de joueur j’avais deux solutions pour ne pas quitter le rugby à XIII : entraîner ou arbitrer. Après avoir essayé les deux, j’ai choisi où je me sentais le mieux en l’occurrence l’arbitrage. Pourquoi avoir continué ? J’aime tellement mon sport que je me sentais pleinement acteur du jeu mais pas en tant que joueur, mais c’est la même chose, et de plus dans l’arbitrage, il y a des opportunités intéressantes de carrière.
Tu viens de raccrocher le sifflet après la coupe du monde. Comment as-tu envisagé cette seconde reconversion ?
BC : Comme après ma carrière de joueur, je ne voulais pas quitter le monde treiziste. De ce fait, j’ai émis le souhait de rester dans l’arbitrage et de m’occuper de la formation des arbitres en commençant par l’élite, et en descendant petit à petit. On est obligé de prendre la pyramide à l’envers mais tout le monde aura droit à sa formation. En parallèle, je m’occupe aussi de l’école de rugby de mon village Ornaisons.
Quels constats dresses-tu sur l’arbitrage français par rapport avec ce que tu as pu observer à l’international ?
BC : Le bilan est simple : avec du travail, non insurmontable, de l’humilité et de l’envie, tout est possible. Geoffrey Poumès en est le parfait exemple. La marche pour atteindre le très très haut niveau n’est pas si haute que ça. Malheureusement en France nous ne sommes pas professionnels. Et cela demande aux arbitres des efforts encore plus conséquents pour performer.
Tu as proposé ton aide à la commission nationale de l’arbitrage. Quels sont les sujets sur lesquels tu vas travailler ?
BC : En effet je me suis proposé à la CNA. Tout d’abord j’aimerais axer mon travail sur le comportement des arbitres. Je m’explique : j’aimerais qu’ils soient accessibles auprès des joueurs et coachs pour discuter dans le calme et dans le but d’avancer ensemble. D’autre part, sur le terrain, que les arbitres aient confiance en eux. Je suis persuadé qu’ils sont tous bons et qu’ils ont les bonnes décisions mais un petit brin d’hésitation peut tout faire capoter. Peut-être la peur d’être juger. C’est pour cela que je souhaite leur faire changer d’état d’esprit, tout en restant humble.
Quelles seront les actions qui vont être mises en place ? Quels seront tes interlocuteurs ?
BC : Au niveau élite, nous allons essayer de faire plusieurs stages ou regroupements en présentiel dans la saison plus quelques réunions en visio en mettant en place des analyses vidéos et des exercices terrains. Les arbitres sont tenus d’analyser leurs matches, ce qui permet d’apprécier son arbitrage et d’échanger sur certaines décisions dans l’objectif d’améliorer les performances. Je travaille en corrélation avec Stéphane Vincent qui fait du découpage vidéo, et tout ceci est partagé également avec tous les membres dynamiques de la CNA.
Quels sont les critères qui permettront de quantifier et qualifier une évolution de l’arbitrage ?
BC : Il y en aura plusieurs c’est certain mais je ne vais pas les énumérer tous. Mais ce qui est sûr, c’est que l’arbitrage change au niveau mondial où l’arbitre n’est plus vu comme l’homme qui fait respecter le règlement à la lettre mais quelqu’un qui fait parti intégrante du jeu et qui dirige un «spectacle», un chef d’orchestre. Oui notre sport est spectaculaire et il faut l’avoir dans un coin de la tête quand on arbitre, pour qu’il le reste !!!
Quel est ton souhait voire ton rêve pour notre sport préféré ?
BC : J’en ai tellement. Premièrement, qu’il soit considéré à sa juste valeur au niveau des médias français. Je le répète, notre sport est spectaculaire. Que TOUS les treizistes aillent dans le même sens par amour de notre sport et laissent les rancoeurs et les egos de côté : seul on avance vite, ensemble on va plus loin. Et si on arrive à professionnaliser un minimum l’élite et l’arbitrage alors des jeunes pourront rêver de carrière et permettre un développement plus conséquent. Je le répète : on met les moyens en haut au début pour redescendre rapidement en bas. Pour exemple, l’école de rugby d’Ornaisons, village de 1200 habitants, possède 50 licenciés enfants, 15 licenciés femme touch rugby, 14 éducateurs, 10 dirigeants : à coeur vaillant rien d’impossible. Et si derrière ça il y a un plan de développement alors dans cette école de rugby il y aura le ou la futur(e) joueur(se) de l’équipe de France et/ou le futur arbitre de la finale de la coupe du monde. Vous m’avez parlé de rêve non?
Merci Benjamin et à très bientôt.
Entretien réalisé par l’équipe communication de la commission nationale d’arbitrage.
- LEEDS, ENGLAND – OCTOBER 16: Referee Ben Casty (c) alongside touch judges Geoffrey Poumes and Neil Horton during Rugby League World Cup 2021 Pool C match between Jamaica and Ireland at Headingley on October 16, 2022 in Leeds, England. (Photo by Michael Steele/Getty Images)
- Match à Lézignan au stade du Moulin en avril 2021 pour la demi-finale du championnat de France Elite 1 : FCL contre St. Estève. Avec Benjamin Casty (centre) et Kévin De La Rose (à droite). Crédit : M.M. photographie