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RETRO Jean-Marc GONZALES ‘‘l’aile du désir’’

16 mars 1980 à Narbonne, la France est battue 4 à 2 par l’Angleterre, alors qu’elle avait tout en magasin pour l’emporter. Tout, sauf le pied habituellement précis de JeanMarc Gonzales, qui se souvient avoir «raté une pénalité facile», tout sauf un talonneur de métier (André Malacamp, forfait, étant suppléé par le pilier Henri Daniel), et tout sauf un «referee» à la hauteur de l’enjeu, le mauvais sujet de sa Majesté, Billy Thompson, s’étant attiré les foudres du public par son arbitrage désastreusement patriotique. On songe en particulier aux incessantes tricheries commises par le N.9 anglais David Ward, les multiples hors-jeux observés sur les tenus, et plus encore, peutêtre, l’essai injustement refusé à Sébastien Rodriguez, suite à une action d’éclat conjuguée avec Jean-Marc Bourret, lequel jurait après coup qu’aucune faute n’avait entaché celle-ci.

‘‘Grâce à Jean-Marc Bourret’’

Reste que Jean-Marc Gonzalès, international junior à l’ouverture, avant de prendre son majestueux envol sur les extérieurs, porté à tire-d’aile, celle du désir, vers l’en but adverse, inoubliable «XIII d’or Adidas» en 1978, fort de ses 294 points, dont 52 (!) essais inscrits dans la saison, et depuis peu retraité à Montaubande-Luchon, en Haute-Garonne, où il s’adonne avec délice à son passe-temps favori, la randonnée en vélo, est beau joueur.

Ainsi admet-il volontiers que «la France, ce jour-là, n’était pas parvenue à imposer son jeu», dans un match où «la défense avait pris le pas sur l’attaque». Et l’ailier volant de Limoux préfère assurément se remémorer le duel qui, un an plus tôt, déjà à Narbonne, l’avait opposé aux Gallois.

«Nous l’avions emporté 15-8, c’était ma première sélection, j’avais face à moi la perle noire Clive Sullivan, et j’avais marqué un essai grâce à JeanMarc Bourret». Des Diables Rouges qui, décidément, lui avaient réussi, puisque lors de la saison internationale suivante, en janvier 1980, les Bleus s’étaient imposés cette fois 21-7, à Widnes. «J’avais inscrit onze points, dont un essai sur une interception de 80 mètres, à dix minutes de la fin, alors que l’incertitude pesait encore sur l’issue du débat».

Et l’ancien Limouxin, né rue Petiet, comme avant lui deux illustres, Marcel Bescos et «Nanache» De Nadaï, avant de faire les beaux jours des Blanquetiers, puis de l’US Carcassonne au cœur de l’épisode du protocole d’accord entre les Fédérations à XIII et à XV, de saluer «l’exploit d’Alain Touchagues», son coéquipier en équipe de France Espoirs, le 3 décembre 1978 sur le terrain albigeois, auteur des vingt points (dix pénalités) de son équipe, face aux «monstres» australiens défaits 20 à 3.

La ‘‘châtaigne’’ de Price

Cette fois, à l’inverse de ce qui se produirait le 16 mars 1980, c’était l’arbitrage français qui avait grandement facilité la tâche de tricolores confrontés à la rudesse des Kangourous. «Mais nous étions remontés comme des pendules au moment de pénétrer sur la pelouse, tellement on nous avait rabattu les oreilles avec les qualités de nos adversaires, et alors que sur un placage un joueur australien avait reçu mes deux genoux dans les reins, le fameux troisième ligne Ray Price m’avait gratifié d’une mémorable «châtaigne». Un match pour moi inoubliable, ne serait-ce que parce que j’avais par ailleurs en face, le célèbre ailier Kerry Boustead».

Epoque bénie pour le rugby à XIII français, un sport qu’il place au-dessus de son cousin. Et il n’est pas le seul, comme le lui avait confié Olivier Saisset, alors son entraîneur à l’US Carcassonne : «Lors d’un dimanche de repos au cours d’une tournée du XV de France en Australie, lui et ses coéquipiers avaient assisté à un match de XIII au Sydney Cricket Ground, et il m’avait raconté qu’à l’issue de la rencontre il avait «découvert un autre monde». La France, également, était bien pourvue en joueurs de talent, «avec entre autres, Monsieur De Nadaï, Roosebrouck «La Rouille», «Tchoupin» Castanon, «Maxou» Chantal, Hervé Guiraud, Marcel Pillon…»

Son avis sur ses partenaires à l’aile en équipe de France : «Patrick Nauroy était avant tout un joueur intuitif». «José Moya était plus «méchant», plus physique, plus compact, athlétiquement parlant, que Patrick. Il connaissait surtout la ligne droite, à l’instar du Limouxin «Gigi» Vassal, et n’avait peur de rien. Avec lui, nous pouvions aller au bout du monde». «Sébastien Rodriguez était un ailier de poche, dur au mal, du genre Christophe Dominici à XV, avec comme atouts des appuis, une volonté de fer, de l’enthousiasme, de la générosité».

Ses coéquipiers à l’aile de Limoux : «Jean-François Vassal était un défenseur à toute épreuve, dans le même registre que Jean-François Grechi. «Gigi» était difficile à stopper, même s’il n’était pas le plus rapide, et tous les deux étaient capables d’évoluer en deuxième ligne». «Pierre Debeaux était un joueur sérieux, dans tous les sens du terme. Je l’ai aussi affronté quand il portait les couleurs de Saint-Estève, et je me souviens qu’un dimanche nous avions inscrit chacun un essai. Un mot, encore, pour signaler que sans le centre André Canet à mes côtés, je n’aurais probablement pas eu la même carrière».

L’ailier marquant de l’US Carcassonne : «Daniel Bustafa possédait un physique hors pair, basé sur la puissance et l’accélération. Un joueur au crochet dévastateur. Lors de mes débuts à l’USC, nous avions disputé un match d’entraînement l’un contre l’autre, «Le Bus» m’avait laissé sur place d’un changement de pied en pleine course».

La ligne arrière du XIII de France le 16 mars 1980 : «Francis Tranier était la rigueur même, celle que l’on trouve dans le Rouergue». «J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de Sébastien Rodriguez». «Jean-Marc Bourret était la star incontournable, avec des moyens athlétiques exceptionnels». «Michel Mazaré était un fin stratège à l’ouverture. Il incarnait à merveille l’école villeneuvoise, avec tous les ballons vers les ailes. «Pitche» était aussi un manieur de balle de grande dimension». «Ivan Grésèque, gentil garçon comme tant d’autres, était un «emmerdeur» pour les petits comme pour les gros d’en face. Il possédait un sacré coup d’œil, et savait s’engouffrer dans le moindre petit trou qui se présentait».

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