A Salon comme ailleurs, on s’interroge…
Jean-Louis Vignes, Président de la Commission Fédérale de la FFR XIII, et le cadre technique Laurent Dupuy, sont à l’origine d’un projet de refonte de la Division Fédérale, actuellement proposé aux Ligues et Comités, via un tour de France d’information et d’échanges sur le sujet.
Autant de propositions destinées à revitaliser un secteur dont le nombre de licenciés à tendance, au mieux, à stagner depuis déjà quelques années.
On vous en trace ici les grandes lignes.
LE CONSTAT
Si l’on prend en compte les chiffres de ces quatre dernières saisons, la situation est la suivante :
– Le nombre de clubs est quasi constant ou en baisse.
– Le nombre d’équipes est constant ou en baisse.
– Le nombre de joueurs est constant ou en baisse, avec une part importante de licences non-renouvelées.
– Le fossé se creuse inexorablement entre les équipes de Fédérale s’appuyant sur un véritable projet sportif de compétition (avec recherche d’un titre régional ou national, voire une accession en division supérieure), et celles qui sont sur une dynamique qualifiée d’animation sportive locale, dont le but premier est d’assurer une « vie sociale » autour du club.
– Peu d’équipes possèdent un effectif qui leur permet d’aligner tout au long de la saison 17 joueurs sur la feuille de match.
– Des rencontres se terminent souvent avec des collectifs incomplets (moins de treize joueurs sur le terrain)
– De nombreuses blessures sont signalées, liées soit à une préparation physique insuffisante, soit à une méconnaissance des règles du jeu, soit encore à des conditions de pratiques fluctuantes (terrain, météo, arbitrage, etc…)
– Lorsqu’une équipe est créée, c’est fréquemment au détriment d’une autre, voisine géographiquement. Le vivier de joueurs est en effet très peu développé, et nombre d’entre eux vont et viennent dans différents clubs selon leurs envies, ou leurs besoins.
De plus, si on se questionne sur ce qu’est la réalité au quotidien des dirigeants de club ayant à gérer une équipe fédérale, c’est aussi :
Une quête permanente pour boucler un budget lié aux déplacements, aux équipements, aux frais d’arbitrage et/ou de délégation, et administratifs (engagements, licences, mutations, amendes disciplinaires, voire défraiements, pour de faibles recettes engendrées par les matchs (entrées, bourriches, buvette).
Pour beaucoup d’entre eux, la semaine est utilisée pour l’organisation de lotos, destinés à un public pas forcément composé de spectateurs ou de supporters), faire du porte à porte à la recherche de sponsoring, des réunions pour régler des problèmes de déplacements, d’équipements (maillots, pharmacie)…
Bref, un fonctionnement à flux tendu, pour un retour pas toujours valorisant.
D’un point de vue du joueur, cette fois, la Division Fédérale signifie :
– Des entrainements (un ou deux par semaine) avec un nombre de participants très fluctuant.
– Un calendrier de compétitions qui comporte des périodes « off ».
– Un niveau de jeu très hétérogène. Certains joueurs viennent en effet s’amuser, d’autres veulent gagner, d’autres encore viennent donner un coup de main à leur club d’origine ou à des copains, après une carrière sportive effectuée à un niveau supérieur, d’autres enfin découvrent notre sport.
– Un niveau d’arbitrage également très hétérogène. (des directeurs de jeu débutants, d’autres qui n’accèdent pas au niveau supérieur, voire pas d’arbitrage officiel, d’où le remplacement de l’arbitre par une personne qui devient ponctuellement officielle, sous couvert du règlement officiel.
– Des déplacements parfois assez long au regard du niveau de pratique (poule inter-régions)
– Une inégalité au niveau du nombre d’équipes composant les poules régionales.
Du point de vue de l’entraîneur, c’est :
– Une obligation de formation (Entraineur Fédéral mention « Adultes », soit acquise, soit à acquérir.
– Un investissement personnel quasi quotidien pour stabiliser son effectif, prendre en compte les problèmes personnels de chacun, gérer les blessures, le calendrier, rendre compte aux dirigeants, préparer ses séances, recruter, mettre en place un projet de jeu, s’adapter aux aléas de son effectif, du calendrier de la compétition, des moyens mis à disposition par les dirigeants.
Face à cette réalité, et pour répondre à une volonté de développer la Division Fédérale, c’est-à-dire augmenter le nombre d’équipes et le nombre de joueurs, peut-on encore :
1 : Imaginer pouvoir créer une équipe là où rien n’existe auparavant ?
2 : Continuer à faire jouer notre plus bas niveau de pratique compétition avec les mêmes contraintes réglementaires que le niveau international ?
Quels sont les outils dont nous disposons actuellement pour répondre à cette équation ?
– Les Règles du Jeu internationales.
– La Règle de l’égalité numérique.
1er outil : les règles internationales.
Elles sont conçues et dictées pour le Haut-Niveau de la pratique compétitive, et répondent prioritairement à deux objectifs :
Assurer un spectacle sportif (évolution de l’autorisation ou pas des conditions de remplacement d’un joueur, nombre de remplaçants et nombre de remplacements.
Préserver la sécurité du joueur (dernier exemple en date, l’interdiction en NRL de la charge à l’épaule, qui après expérimentation en 2013 dans l’hémisphère sud, pourrait être appliquée à toutes les Fédérations nationales.
Il semble évident pour qui a vu récemment un match de « Fédérale », que ni l’un ni l’autre des objectifs n’est atteint ! Ce qui semble d’ailleurs logique. Car comment peut-on demander au niveau amateur le plus bas, de s’exprimer de la même manière que les professionnels ? Il existe forcément une corrélation entre les qualités physiologiques du joueur qui s’entraine quotidiennement, et sa capacité à respecter le plus longtemps la règle imposée.
Peut-on imaginer que sans les progrès scientifiques liés à l’activité sportive (anatomie, physiologie, psychologie, neurologie, etc…), et donc à l’entraînement, il eut été possible de jouer voici 25 ans au Rugby à XIII avec les règles actuelles, alors qu’on se préparait peu ou pas du tout ?
Par exemple, la distance de repli défensif de la ligne, sur tenu, ne cesse d’évoluer sur l’échelle de l’Histoire de notre sport. Aujourd’hui fixée à 10 m, demain pourquoi pas à 12 ou 15 m, si les défenses prennent le pas sur les attaques ?
Effectivement, l’équipe qui sera capable de garder son dispositif défensif le plus longtemps en place sans commettre d’erreurs, se donne plus de chance de ne pas encaisser de points. Encore faut-il que cette contrainte réglementaire soit réalisable par chacune des équipes, sinon le spectacle en souffre cruellement ! Or, il est aisé de comprendre que des joueurs qui s’entraînent au maximum deux fois par semaine ne peuvent avoir la capacité à reproduire cette exigence avec la même qualité. En découle alors automatiquement un grand nombre de fautes qui appauvrit considérablement le niveau de jeu de la compétition.
Nous devons donc envisager le fait que les plus faibles ne peuvent pas jouer comme les plus forts ! Il est absolument nécessaire d’aménager les règles du jeu aux caractéristiques du public ciblé.
Quelles sont les voies possibles ?
– RESTRICTION du temps de jeu : 2 X 30 ou 35 mn au lieu de 2 X 40 mn ou 4 x 20 mn
– RESTRICTION de la distance de repli réglementaire sur la phase du tenu : 5 m ou 7 m au lieu de 10 m.
– RESTRICTION du nombre de possession de balles en attaque : 3 tenus au lieu de 5 (ce qui réduit le nombre de replis défensifs, donc maintien d’une certaine fraîcheur physique et mentale, et un moindre risque de fautes ET de blessures. De même, cela oblige l’attaque à davantage jouer les ballons, donc à privilégier l’évitement et/ou la libération de la balle au contact, donc encore à travailler les attitudes au contact.
D’autres voies sont possibles : suppression des mêlées, interdiction du placage à plusieurs sur le haut du corps, etc.…
Il ne s’agit pas de cumuler toutes ces modifications mais de faire des choix en fonction des effets recherchés.
2è outil : la règle de l’égalité numérique
Cet outil répond plus à la volonté de développer le nombre d’équipes, considérant qu’il est plus facile de créer une équipe pour jouer à VI, à IX ou à XI, selon les règles du XIII, parce que cela demande un effectif moins important. Il sera de même plus facile de recruter des joueurs supplémentaires à partir d’une activité existante, plutôt que de partir de rien et d’avoir tout à faire.
On pourrait utiliser la règle de l’égalité numérique en Fédérale sous sa forme à XI, tout en acceptant 4 jokers par équipe (2 en phase aller et 2 en phase retour) pour jouer à IX.
Le recrutement resterait alors autorisé durant toute la saison, et on permettrait à deux équipes d’une même poule de se rencontrer à XIII (obligation de 17 joueurs inscrits sur la feuille de match et physiquement aptes à participer à la rencontre).
La phase régionale délivrerait le titre régional à l’équipe qui remporterait cette étape. Chaque Ligue serait libre d’organiser la formule de sa compétition (poule unique, plusieurs poules avec phases finales régionales), tout en respectant une construction de calendrier laissant à minima un week-end de libre par mois, toutes compétitions confondues, une date de début de compétition sur le premier week-end de novembre, une trêve hivernale d’au moins trois semaines, un week-end de libre par période de vacances scolaires.
Les phases finales dite nationales, qui délivrent les titres de Champion de France, ne seraient ouvertes qu’aux équipes possédant 20 licenciés compétition quinze jours avant la date du début de la phase régionale, afin que celle-ci ne puisse se dérouler que sous la forme d’une compétition de Rugby à XIII avec 13 joueurs sur le terrain et 17 joueurs sur la feuille de match. Il en va de la crédibilité de notre mouvement, de l’image de marque de notre compétition, et du respect du titre de Champion de France.
Une équipe pourrait être sacrée Championne régionale mais ne pas être qualifiable pour la phase finale au regard de sa capacité à poursuivre la compétition sous la forme du Rugby à XIII. Dans ce cas, l’équipe susceptible de l’être, et directement classée derrière elle, prendrait sa place.
On pourrait envisager l’attribution du titre de Champion de France PROMOTION avec une phase finale régie par les règles du Rugby à XI.
Quelle réforme pour Villeneuve-Minervois et les autres clubs de Fédérale ?