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Emmanuel Bansept : l’amitié en toile de fond, de Pia à Lézignan

Le 13 avril 2003, dans le vent déchaîné de Domec, une inspiration de Julien Rinaldi à cinq minutes de la sirène, offrait à Jamal Fakir, royal sur le coup, l’essai d’une victoire qui, longtemps, s’était refusée à Villeneuve-sur-Lot.
Emmanuel Bansept était de cette vibrante finale de Coupe Lord Derby, mais dans le camp d’en face.

“Un grand souvenir, mais mêlé de regrets”, explique aujourd’hui ce Francilien arrivé très jeune en pays catalan, et élevé au rugby à XIII sous les serres de l’école de rugby stéphanoise.

“Jean-Marie Bosc m’avait pris sous son aile”, savoure encore aujourd’hui ce deuxième ligne grand autant par la taille que par le tempérament, parti l’espace d’une saison à l’Entente de la Têt, à XV, avant de répondre à l’appel de Guy Laforgue, pour disputer deux années pleines à Palau.
Repéré par John Elias

“C’est suite à ma prestation en huitième de Coupe de France, contre Pia, que John Elias, le coach salanquais, m’a sollicité”, poursuit Manu.
S’ensuivirent plusieurs saisons marquantes au stade Daniel-Ambert, avec comme point d’orgues cette finale perdue sur le fil, à Carcassonne.
“Forts de notre armada franco-australienne, Jim Serdaris, Laloa Milford, Craig Field, Madinson, et Karl Jaavuo en tête, nous menions au score tout au long de la partie, jusqu’à cet essai transformé par Rinaldi. Jamais plus, ensuite, je n’ai disputé un match d’une telle intensité, d’autant qu’en face l’équipe Lot-et-Garonnaise, très joueuse, s’appuyait entre autres sur Quentin Pongia, qui ensuite rallia Wigan, les frères Artie et Phil Shead, Vincent Wulf”, se souvient Manu, qui de son côté formait une deuxième ligne de choix avec Tevita Liava’a.

“C’était magique pour moi, qui huit mois plus tôt était parti à l’aventure de l’Elite 1 sans certitudes”.
Pia s’était incliné 14-16, mais cinq ans plus tard, Emmanuel Bansept tenait sa revanche, en finale du championnat cette fois, et avec un maillot lézignanais sur le dos, dans un stade de la Méditerranée peint en vert et rose.
“Un match particulier, dès lors que face à Lézignan se trouvaient, à l’exception de Kennedy, tous mes anciens coéuipiers pianencs”.


Deux ans plus tôt, au soir d’une finale de championnat remportée 21-18 contre Toulouse, et à laquelle il ne participait pas, après avoir contracté une entorse du genou en demi-finale face à l’UTC, il était “sur le point d’arrêter le rugby”.
Mais Aurélien Cologni lui proposa le challenge lézignanais.

“Je n’y croyais d’abord pas du tout, et in fine je me suis laissé séduire”.

Il ne le regrettera pas.

L’accident, puis le titre…

Certes, en demi-finale du championnat 2007, au stade des Minimes de Toulouse, contre le TO, où Lézignan triomphait 24-13, “malgré l’absence de nos étrangers, alors à l’infirmerie”, il subissait un terrible accident, sur un placage (“hémorrague interne, rate éclatée, malaise cardiaque”), mais un an plus tard il participait à la conquête du titre, à Béziers, en dépit de “pépins” physiques consécutifs à l’accident en question.
“Nous avions des dirigeants exceptionnels, à l’instar de Christian Lapalu, Richard Gélis, Patrice Bourrel. Ils avaient un coeur énorme, et même dans la défaite ils masquaient leur déception, nous assurant toujours de leur soutien. Pour eux, on n’avait pas le droit de tricher”.
Comme en finale, lors de cette inoubliable après-midi du printemps 2008, où Pia chutait 26 à 16.
“Le match avait été très serré, difficile à gérer, mais Jared Taylor, auteur d’un doublé, n’avait jamais été aussi performant que ce jour-là, et à un quart d’heure de la fin, placé dans un intervalle par Aurélien Cologni, Franck Rovira crucifiait son ancien club”.
Puis Greg Mazard éteignit les derniers espoirs verts et rouges…
“Lézignan nous avait offert une deuxième chance, à nous les Catalans, Franck, David Romero, Cédric Bringuier, et c’était quelque chose d’immensément fort de ramener le bouclier à des dirigeants et à un public des Corbières aussi incroyables. Jamais encore je n’avais vu autant d’effervescence et d’engouement de la part de supporters, c’était carrément de la folie, même si mon sentiment était partagé, comme celui des joueurs pianencs d’ailleurs. Car dans les yeux de ces derniers, Maxime Grésèque, Nicolas Piquemal, Florian Chaubet, celui-ci présent mais qui ne jouait pas, on pouvait lire du bonheur pour nous, leurs anciens partenaires de jeu. De la déception aussi, bien sûr, laquelle ne m’avait pas laissé insensible, car c’était des amis”.
Une amitié qu’il avait également tissé avec ses coéquipiers lézignanais.
Des liens indéfectibles, en fait.
“Ca ne s’oublie pas, et nous continuons à régulièrement nous voir”, souligne Manu, joueur et garçon en or, aucun joueur de Pia et de Lézignan ne nous contredira.

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