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Interview de Sébastien PLANAS « Longue vie au TO ! »

Cette saison 2018 qui s’achève laisse un goût différent des précédentes. En effet, avec elle, c’est une page du Toulouse Olympique qui se tourne, longue de 12 ans, écrite par Sébastien PLANAS. A 34 ans, le joueur et capitaine le plus titré du club de la Ville Rose, aux 261 matchs sous le maillot Olympien (record), a annoncé sa retraite.

Entretien, le dernier, tout en honnêteté, avec celui qui aura marqué l’histoire du TO XIII de par son exemplarité, sa gentillesse et son professionnalisme à toute épreuve.

Le jour de ses 34 ans, Sébastien PLANAS a joué son 250e match avec le TO. Il en a 261 aujourd’hui © Alain GARRES

Alors ça y est, c’est la fin ?

Sébastien PLANAS : Oui, ça y est, c’est la fin (sourire). Malheureusement, nous avons fini un match trop tôt, mais c’est comme ça. Ça fait bizarre de se dire que c’est fini, mais bon, il faut bien s’arrêter un jour (sourire).

Que retiens-tu de ta carrière ?

Sébastien PLANAS : Des émotions de fou. De gagner, de perdre, des efforts fournis sur les matchs. C’est tous les moments de partage, ce que nous vivons avec les autres joueurs, avec les supporters. Surtout avec les joueurs, ce que nous pouvons vivre, c’est fort. Et ce sentiment d’appartenance à un groupe, le lien social qu’il peut y avoir, c’est ce qui va me manquer le plus.

Quels sont tes meilleurs souvenirs ?

Sébastien PLANAS : On m’a plusieurs fois posé la question (sourire). Evidemment, il y a les titres, mais aussi cette finale de Coupe de France perdue avec Limoux où nous étions toute une génération de copains à jouer ensemble. Nous avions affronté en 2005 à Carcassonne ce qui était à l’époque l’UTC, avant que le club ne parte en Super League en devenant les Dragons Catalans, nous avions perdu, honorablement, mais nous avions perdu.

Ensuite il y a le doublé avec le TO en 2014, chose qui n’avait jamais été faite au club. La manière dont s’était déroulée la saison, nous avons changé d’entraîneur en cours d’année, et à partir du moment où Sylvain (HOULES) a pris les rênes, tout s’est bien enchaîné de façon naturelle. Ce doublé a été une expérience géniale.

Après, il y a eu le titre de champion de France l’année suivante. Conserver le bouclier, c’est quelque chose d’énorme. Je retiens aussi des matchs, des victoires ou des défaites, comme la victoire contre les Dragons qui était pour moi émotionnellement très forte puisque j’avais perdu quelqu’un de cher juste avant. Mais nous avions aussi zéro chance de gagner contre eux et que dans des conditions difficiles, nous l’avons emporté.

C’est également toutes les victoires contre des équipes de Super League, où nous sommes vraiment allés au bout de nous-mêmes, je pense à la victoire contre Leigh en Challenge Cup quand nous étions en League One, les succès contre Hull KR la saison passée, contre Featherstone aussi, où nous n’avions pas le droit à l’erreur et que nous gagnons grâce à un essai de Kuni MINGA à la dernière minute. Cette année, il y a les victoires contre les équipes de Super League, Widnes et Hull KR.

Est-ce que tu as des regrets ?

Sébastien PLANAS : (il réfléchit) non… si, peut-être cette année quand Sylvain me faisait moins jouer, je ne pense pas avoir eu l’attitude assez positive pour le club. J’étais vraiment triste de pas jouer, mais c’est le gros regret que j’ai. S’il fallait que je refasse des choses, c’est cette période-là. Après, je n’ai pas de regret.

Pas même le fait de ne pas avoir joué en Super League ?

Sébastien PLANAS : Non. Je sais que j’arrive au bout. Bien sûr, j’aurais aimé arriver jeune ces dernières années, là où le club en est actuellement, et démarrer ma carrière à partir de là, mais je pense avoir aidé le club à grandir. Quand je suis arrivé au TO, la Super League n’était qu’un rêve lointain. Aujourd’hui, nous l’avons presque rendu réalisable. Nous sommes tout près, donc pas de regret par rapport à ça, parce que mon corps a dit stop. Il aurait fallu que je fasse un choix entre le boulot et le rugby et, à mon âge, ça n’aurait pas été très raisonnable (sourire).

Les blessures et le travail sont les raisons qui te poussent à prendre ta retraite ?

Sébastien PLANAS : Encore une fois, j’arrive au bout. Je pense ne plus avoir le niveau pour faire une saison complète. Tous les matins quand je me lève, c’est dur, récupérer de chaque match est devenu de plus en plus difficile, et je n’ai pas les mêmes séances de récupération que mes coéquipiers à cause du boulot. Je me lève tôt pour aller au travail, je termine tard, puis il y a le poids de l’âge et des années passées en équipe première. Je joue dans l’équipe première de mon club depuis 2002, ça fait un bail (rire). Il est temps pour moi de voir autre chose aussi. Une vie de sportif, c’est une vie de sacrifice, je vais donc connaitre quelque chose de différent. Cette vie va beaucoup me manquer mais je vais apprendre aussi à vivre pour moi et mes proches, avoir plus de temps.

Qu’est-ce que ça te fait de te dire que tu es le joueur et le capitaine le plus capé et le plus titré de l’histoire du TO ?

Sébastien PLANAS : Je ne réalise pas vraiment. Ce n’est pas ce que je retiens le plus. Je garde en tête les différents titres mais moi individuellement… Je suis vraiment content d’avoir aidé le club à arriver là où il en est aujourd’hui. Mais le ramener à moi, non. C’est bien sûr une fierté. Je suis fier d’avoir appartenu et été capitaine de ces équipes, de ces groupes que nous avons pu former, mais c’est tout. Et j’espère que les joueurs qui sont là et qui ont déjà 100, 150 matchs, vont me rattraper rapidement et battront ce record. Cela signifiera que le club est stable, qu’il continue de grandir et que les joueurs continuent de prendre du plaisir ici.

Ta longue carrière fait que tu as connu plusieurs générations de coéquipiers. Chaque saison, tu semblais toujours t’entendre avec tout le monde, tu faisais même le lien

Sébastien PLANAS : Quand nous sommes arrivés au TO en 2006 en provenance de Limoux, avec un de mes meilleurs amis Mathieu ALMARCHA, nous sommes passés d’un rugby « village » à un rugby un peu plus aseptisé, très pro, où il n’y avait pas beaucoup d’ambiance. Il y avait des groupes, avec notamment les étrangers d’un côté et les Français de l’autre.

Et nous, avec aussi Bruno ORMENO, Rémy BUENO, Jérôme GOUT plus tard, avons essayé d’amener le rugby « village » dont nous sommes issus, de le garder en nous et de le transmettre aux autres. Avant, nous étions une bande de copains qui n’avait pas forcément de résultats (sourire), mais Sylvain est parfaitement arrivé à mêler le professionnalisme avec cet état d’esprit. A ce niveau-là, nous avons la même vision du XIII, c’est-à-dire que nous prenons du plaisir tout en travaillant.

Aujourd’hui, tous les joueurs sont pros, mais il y a toujours le sourire, nous nous régalons à nous retrouver, nous nous régalons à passer du temps ensemble, sur le terrain mais aussi en dehors. Ce côté « village » renforce l’esprit d’équipe selon moi, qui est indispensable aux succès d’un groupe.

Tu as connu 12 ans de TO. Quel est ton avis sur l’évolution du club ?

Sébastien PLANAS : La progression. Là où nous étions, là où nous sommes par rapport à là où nous voulons aller. Nous nous donnons les moyens de réussir, à toutes les échelles. Quand je suis arrivé, seule l’équipe première était vraiment structurée. Maintenant, il y de plus en plus de jeunes, avec au moins une équipe dans chaque catégorie, des féminines, des loisirs, des fauteuils, un centre de formation qui s’étoffe chaque année, qui alimente une équipe d’Elite 1 en devenir, qui ne demande qu’à grandir. Nous sommes sur la bonne voie.

Le club a énormément évolué grâce à Carlos ZALDUENDO, puis Bernard (SARRAZAIN) est arrivé et a apporté une touche un peu plus entrepreneuriale au TO, ce qui a permis de donner un nouveau souffle au club, et j’espère que tout va continuer encore longtemps.

Qu’est-ce que tu vas faire désormais ?

Sébastien PLANAS : Je ne sais pas. Déjà, j’ai quelques opérations chirurgicales de prévu, pour réparer un peu le corps (sourire). Après, je vais essayer de me retrouver, faire aussi le deuil du XIII, car ce sport constitue une grosse partie de ma vie. Il va falloir digérer le fait de ne plus être joueur, et puis prendre du temps pour moi et mes proches.

Penses-tu revenir dans le XIII et/ou au TO ?

Sébastien PLANAS : Je ne pense pas trop m’en écarter. Mais si je reviens dans un club, ce sera au TO oui bien sûr. Avec quelle casquette, je ne sais pas encore, je n’en ai pas parlé, je ne sais pas de quoi mon avenir sera fait encore (sourire).

A toi le mot de la fin.

Sébastien PLANAS : (rire) Longue vie au TO !

 

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