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Jeunes Papous cherchent terre d’accueil

LIONS TNA PAPOUS 

Les TNA Lions en 2012, entraînés par Pierre Vandome, au centre.

GUAMBO WILLIE KUI ANTON BRAWA RADLEY

Guambo, Kui et Brawa, trois phénomènes.

Pierre Vandome, un Français travaillant depuis de nombreuses années dans l’hémisphère sud, entraînait la saison passée une des meilleures équipes du championnat Elite de Papouasie – Nouvelle-Guinée. Il aimerait que les plus doués de ses anciens protégés soient mieux considérés, dans leur pays. Une seule solution s’offre à eux, pour espérer progresser : imiter Kuni Minga, l’ailier du Toulouse Olympique.

Géant endormi du rugby à XIII, ce pays regorge de talents inexploités. Un crève-coeur pour Pierre Vandome, ancien deuxième ligne junior du XIII Catalan, un temps entraîneur de Limoux sous la présidence du regretté Hervé Guiraud, et qui en 2012 était le coach de TNA Lions dans la Digitel Cup. Aujourd’hui à la tête d’une société de consulting basée à Singapour, Pierre n’a pas oublié ses anciens protégés de Kundiawa, un gros village de la province de Simbu, sur les hauts plateaux de Papouasie.
Parmi lesquels se trouvent quelques pépites qu’il aimerait diriger vers des centres de formation, pour les plus jeunes d’entre eux. Bénévolement, convient-il de préciser. Comme ce fut le cas l’été dernier avec Kuni Minga, qui disputera en 2013 – 2014 sa deuxième saison au centre du TO.
Si Esau Siune, le pilier international aux dreadlocks qui, cet hiver au Redfern Oval, a affronté South Sydney dans les rangs des “PNG Residents”, a déjà une touche avec North Queensland Cowboys et des clubs de Super League, d’autres talents pourraient faire le bonheur de clubs anglais ou français. Et Pierre de citer “Enoch Sine, 20 ans, un centre/deuxième ligne pétri de qualités, Randley Brawa, un troisième ou deuxième ligne costaud et rapide, capable par ailleurs de tout renverser sur une aile”.
Ou encore “le centre Anton Kui, international “kumul” lui aussi, le demi-de-mêlée Willie Guambo, le joueur polyvalent par excellence Andrew Sipil, l’ailier Robert Dama, l’arrière Moxii Kii…” Des joueurs qui feraient le bonheur de clubs de l’Intrust Queensland Cup ou de la NSW Cup, s’ils ne se heurtaient pas à l’épineux problème des visas pour l’Australie.

40 000 dollars le visa pour l’Australie

“Un visa de travail, pour un Papou, coûte une petite fortune, 40 000 dollars australiens (plus de 31 000 euros), et les clubs “Aussies” sont dès lors réticents à enrôler des joueurs de Digicel Cup” (la D1 de Papouasie – Nouvelle-Guinée), préférant se tourner vers des joueurs originaires d’autres îles du Pacifique.
“C’est un gâchis” estime Pierre le Tarbais, vivant actuellement à Bali. Car les perspectives d’avenir sont ainsi très limitées pour les meilleurs treizistes du pays, “qui compte 250 000 joueurs recensés”, la rugby league étant le sport national, “loin, très loin, devant le cricket, le football et le rugby à XV.”

88 000 euros le droit d’entrée en Digicel Cup

Avec un championnat Elite regroupant douze franchises régionales, qui versent chacune un droit d’entrée de 250 000 kina (la monnaie du pays), soit 88 000 euros.

Une compétition courant de mars à juillet, dans laquelle les Lions chers à Pierre Vandome ont longtemps joué les premiers rôles, en 2012, “devant à chaque fois 3 à 4 000 spectateurs, avec un pic à 10 000”, avant d’échouer aux portes des play-off, victimes d’un dernier mois rendu difficile à cause de déplacements interminables.
Pierre raconte : “Les terrains, dans la province de Simbu, étaient réquisitionnés pour l’élection du gouverneur, et à cinq reprises nous avons dû jouer à Lae, à des centaines de kilomètres de Kundiawa. Nous empruntions la seule route, hyper dangereuse car fréquentée par des groupes de bandits, et nous partions le samedi matin, pour un trajet compris entre huit et douze heure de bus, avec retour le dimanche, d’où une sérieuse baisse de régime de la part des joueurs, sur le terrain. Il nous a manqués deux points pour participer aux phases finales.”

Une expérience que Pierre aurait pourtant renouvelé, cette année, si la politique ne s’en était mêlée… “Jusqu’au dernier moment les Lions étaient engagés en Digitel Cup, pour être finalement remplacés, pour des raisons… électorales, par les Warriors, la franchise à laquelle les Lions avaient succédé, deux ans plus tôt.”

La troisième compétition au monde

En dépit de conditions de préparation… exotiques (“pour économiser l’hôtel, les joueurs devaient parfois se laver à la rivière !”), Pierre ne regrette rien.

Et garde de chauds souvenirs de ces matchs “disputés avec correction sur le terrain, mais pas toujours dans les tribunes, transformées en cocotte-minute prêtes à exploser, tant la ferveur du public est incroyable.”
En Papouasie, il s’est fait des amis, et a constaté combien là-bas le niveau est élevé.
“Un “observer” de l’Australian Rugby League, présent sur place l’été dernier, a indiqué que la Digitel est la troisième compétition au monde, devant la Queensland Cup et le Championship britannique.”
Reste le problème, pour l’heure insoluble, des infrastructures. “Les stades dignes de ce nom sont inexistants, et la formation des joueurs est négligée”, constate Pierre.

Et dire que le gouvernement a débloqué récemment un million de dollars australiens (777 730 euros) pour le haut niveau (préparation à la Coupe du monde, et candidature pour une franchise en Queensland Cup dans un premier temps, en NRL dans un second)…

Les participants à la Digitel Cup, sous contrat avec la PNG rugby league, méritent assurément mieux que le désert dans lequel on les laisse.

“Les talents foisonnent, les joueurs sont animés de la rage de vaincre, possèdent une bonne mentalité, et progresseraient à la vitesse grand V s’ils étaient mieux encadrés”, indique Pierre Vandome, qui à 53 ans a toujours le feu sacré.
La France pourrait être une terre d’accueil, pour quelques-uns d’entre eux…

MINGA DEMIE2013 BARRAU

Kuni Minga en demi-finale contre Pia. Photo Gérard Barrau

PAPOUS RÉGIONAL

La Papouasie, c’est aussi des championnats de quartiers, comme ici à Port-Moresby, les meilleurs joueurs étant ensuite sélectionnés pour la Digicel Cup. Photo Xavier Neron

PAPO GUERRIERS

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