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XIII de France Féminin – Vincent Baloup : « Nous devons avoir faim d’efficacité »

Vincent Baloup, entraîneur du XIII de France Féminin et son staff, viennent de dévoiler le groupe qui se réunira le 30 avril prochain au CREPS de Toulouse.

Initialement la Coupe du Monde de Rugby à XIII devait avoir lieu en Angleterre en octobre /novembre 2021. La pandémie a eu raison du calendrier international, nous jouerons donc en octobre/novembre 2022. Un an de décalage… Voyez-vous cela comme un inconvénient ou une réelle plus-value ?

Vincent Baloup : « Pour moi ce report d’une année apporte énormément. Nous étions tous sous la pression liée au caractère d’urgence. Nous étions dans la précipitation par rapport à une dead-line qui arrivait très vite, trop vite après notre nomination également par rapport à notre obligation de constitution d’un staff. Un staff que nous devions structurer, que nous devions fidéliser autour d’un projet, au niveau des conceptions du jeu notamment. Ensuite, nous nous sommes consacrés aux joueuses. Nous avons créé des points de rencontre. Nous avons appris à nous connaître mutuellement.

Ainsi, après ce long et indispensable chemin, le nouvel échéancier nous a donné une rallonge de temps qui nous permet d’être, aujourd’hui, beaucoup plus aboutis en termes de conception du jeu et pour que nos filles collent à ce que nous ressentons en fonction de leurs ressources. Aujourd’hui, c’est un projet mieux structuré avec je pense tous les ingrédients pour se hâter tranquillement vers cette Coupe du Monde 2022 pour mieux optimiser toutes les ressources en place à tous les niveaux. C’est ainsi que je le vois. » 

Comment comptez-vous tirer profit de changement de planning ?

V.B. : « Le championnat de France a enfin repris cette saison. C’est un vrai plus pour nous tous, un soulagement. Il le semble honnête d’évaluer la rencontre du 23 octobre 2021 en tenant compte de cette longue trêve imposée. Il ne faut surtout pas l’oublier. Aujourd’hui notre situation n’a rien à voir avec la préparation du dernier match face aux Anglaises même si nous nous rendons compte qu’il y a quelques mois nous n’étions pas à coté de la plaque quand bien même le score final était  trop lourd.

Les filles transportent leurs habitudes de jeu en équipe de France. Nous devons proposer un autre projet pour jouer sur la scène internationale. Pour ce faire, on s’appuie sur une cinquantaine de joueuses. Enfin, Les qualités que l’on suppose d’un entraîneur c’est à la fois qu’il maîtrise ce petit temps d’avance pour analyser la, les situations et qu’il arrive à faire faire la synthèse des projets de jeu et unifier la démarche à l’échelle de l’équipe de France tout en éliminant le plus possible les paramètres aléatoires. Avec mon staff, nous nous devons de transformer le jeu des équipes et leur offrir une marge de progression. Alors, c’est vrai, ma démarche est différente de celle des entraîneurs de clubs. Nous n’avons pas les mêmes contraintes, ni les mêmes avantages. Mais, rassurez-vous, nous nous parlons et les échanges réguliers commencent à porter leurs fruits. » 

Après une première année tronquée à la tête de l’équipe de France, quel est votre premier constat ? Que manque-t-il à notre équipe de France Féminine pour rivaliser avec les meilleures équipes ?

V.B. : « Pour vous répondre, il faut savoir où nous souhaitons aller. Est-ce que l’on privilégie un résultat quitte à rester petit bras et se fermer d’une évolution de jeu qui est nécessaire pour atteindre d’autres résultats demain ? ou bien, on se dit que c’est dès maintenant que l’on doit enclencher le changement de conception du jeu et donner aux joueuses qui adhèrent au projet l’accès à des performances que l’on n’imaginait pas il y a un an. 

Côté joueuses, je pense qu’elles ne sont pas assez stratèges. Il leur manque cet instinct de domination dans la capacite de choisir des cibles et de savoir les combattre. Vous me pardonnerez mon langage un peu guerrier, mais il s’agit d’être tout de suite efficace. Elles ont besoin de rentrer dans ce schéma mental là. Être des combattantes, anticiper sur les coups à jouer. J’en veux pour preuve notre dernier match face aux Anglaises, nous sommes passés à côté de belles opportunités dans le jeu. Premièrement de façon stratégique parce que nous ne les voyons pas, nous ne les sentons pas et parce que nous ne sommes pas en capacité pour le moment de dominer, de bonifier ces opportunités. C’est tout ce référentiel là qu’il faut changer. Pour moi, dès maintenant. »

Question : Nous communiquons aujourd’hui votre première liste de convocations de la saison internationale avec comme premier rendez-vous la rencontre en Angleterre du 18 juin 2022. Qu’est ce qui a dicté vos choix pour préparer ce premier rassemblement ? Quel est le fil conducteur de cette nouvelle liste ?

V.B. : : « On passe d’un stage préparatoire du Match des Origines avec 34 joueuses convoquées (deux fois 17 joueuses) moins 12 ou 14 Catalanes. Permettez-moi de vous préciser que j’attends beaucoup de cette rencontre que je veux d’un niveau international. Je souhaite que les joueuses aillent puiser dans leurs limites. Quant au stage, forcément on change d’objectif avec ce rassemblement élargi. J’ai accordé aux Catalanes le droit de disputer un beau tournoi de “Nine” à Warrington en Angleterre. Je ne veux pas qu’elles soient déchirées entre ce Tournoi, qui est une belle aventure eu égard leur parcours en championnat, et le stage de l’équipe de France. En juin prochain, je vais les récupérer pleine d’envie, avec un beau souvenir sportif de plus… et qu’après, on puisse ensemble nous élever vers la Coupe du Monde.

En revanche, en prévision des prochaines saisons, nous aurons la possibilité de passer du temps avec de nouvelles jeunes joueuses qui nous rejoindront un jour. Nous pourrons également rattraper des coéquipières oubliées, leur parler et leur donner des éléments de confiance dans un univers représentatif. Voilà, en avant-première, vous avez mon discours introductif de ce stage un peu spécial.

Quant à notre projet, nous avons hâte de le relancer. Nous avons besoin de nous revoir. Le travail qui a été fait pour faire d’un groupe de filles une équipe de France, nous y sommes arrivés.  Mais attention, ces acquis se perdent très vite. Nous devons, avec la complicité et l’implication de mon staff, nous remettre rapidement en ordre de marche pour retrouver au plus vite ces repères qui faisaient de notre groupe une équipe qui partageait un même bonheur sur le terrain. Le bonheur était dans le pré de Gilbert Brutus et ça on ne peut pas nous l’enlever.  Si on n’a pas cet esprit-là, on ne peut pas progresser. 

Nous devons progressivement changer le logiciel. Elles doivent, nous devons : avoir faim d’efficacité, devenir des combattantes stratégiques plutôt que de s’installer dans une forme de complaisance inopportune.  Le match de l’Angleterre à venir doit être un objectif pour gagner.  Maintenant, il faut se préparer pour gagner et ne pas de faire de la figuration comme ça pouvait être le cas à Perpignan en Octobre 21. »

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