Comme ses camarades, il a hâte. Hâte de se frotter au Liban et à ses montagnes du pack. “Même pas impressionné”, soufflait-t-il au retour d’une visite avec dépot de gerbe à l’Australian War Memorial, immense bloc de béton posé sur Capital Hill, avec vue plongeante sur le Parlement.
Pas impressionné, “parce que question gabarit, nous aussi avons ce qu’il faut, Julian Bousquet et Anto Maria”, parce que, aussi, “Petit Poney” est devenu grand. Et même capitaine, à seulement 23 ans. Un rôle que lui avait confié l’ex entraîneur des Bleus, Richard Agar, à Albi, mais la coupe du monde c’est quand même autre chose.
“Le respect de mes coéquipiers”
Et le voilà aujourd’hui face à de lourdes responsabilités qu’il ne fuie pas, bien au contraire. “C’est un honneur, une fierté, Aurélien Cologni m’a dit que j’avais gagné sur le terrain le respect de mes coéquipiers, du coup j’ai accepté de porter le brassard, et je ne ressens aucun poids sur les épaules”.
Drôle de parcours pour celui entré à l’école anglaise à l’âge de 16 ans. Non seulement, depuis, il n’a jamais redoublé, mais en plus il a sauté une classe, passant de Salford à St Helens comme une lettre à la poste.
Et la devise de St Cyr, “S’instruire pour vaincre”, il connait sur le bout des crampons.
Sept ans, donc, se sont écoulés depuis sa plongée en acné, et “Petit Poney”, qui appartient à une écurie de course, les Saints, va tout faire désormais pour que dimanche au GIO Stadium, le XIII de France franchisse en tête le poteau d’arrivée.
Avec l’aide de son associé à la charnière, Will Barthau. En face, Robbie Farah et Mitchell Moses ont plus de décoration au revers du veston, mais le Pianenc et le Villeneuvois comptent bien tourner dans le bon sens les clés du camion et du garage confiées par Aurélien Cologni. “William aime bien prendre les rènes du jeu, ça me convient, car deux meneurs ne seront pas de trop pour tenter de surprendre des Libanais qu’on a vu à la vidéo jouer de manière répétitive. Ils font toujours la même chose, mais le font du mieux possible, et il nous faudra répondre présent, devant, pour espérer ensuite tenter des choses, derrière”.
Car Théo semble avoir fait sienne la devise de Paul-Emile Victor : “La seule chose qu’on rate est celle qu’on ne tente pas”.
“Pas les plus solides”
Pour autant, il sait qu’oser ne signifie pas s’égarer, et qu’en rugby “tout commence toujours devant”, que “le rugby reste un sport de combat, qu’aller au charbon est indispensable, même si nous ne sommes pas les plus solides”.
Pas les plus solides, mais peut-être les plus audacieux. “Envoyer du jeu peut constituer notre point fort”, assuré Théo.
Lequel devra forcer sa nature pour haranguer les siens, quelques minutes avant le coup d’evoi. “Je suis de nature réservée, à St Helens je donne les directives sur le terrain, pas en dehors, mais là, je dirais aux gars de prendre du plaisir sur le terrain, de jouer pendant 80 minutes, que partticiper à une Coupe du monde représente une chance rare, dans une vie”.
Une Coupe du monde que lui-même n’aurait peut-être pas disputé, après “l’incident” de l’automne 2016, mais les deux parties ont fait preuve d’intelligence. “J’avais mes raisons, liées à une blessure, pour refuser la sélection, le staff avait les siennes, il n’était pas content, me l’a fait savoir, et nous sommes vite passés à autre chose”.
A un capitanat, donc, qu’il assume peut-être d’autant mieux que l’équipe est jeune : “Je n’avais encore jamais vu jouer Bastien Ader, jusqu’au match contre la Jamaïque, je vais découvrir Ilias Bergal en match, dimanche, et tous doivent se dire qu’ils ne sont pas simplement là en raison des blessures et des suspensions, mais bien parce qu’ils ont des qualités”.
On pardonne volontiers à Théo son refus, en pleine saison de Super League, de nous accorder une interview, quand on voit la disponibilité qui est la sienne sur cette Coupe du monde. Cette envie de galoper vers un succès qui propulserait les Bleus en quart. “Même pas impressionné” par l’adversaire.
Juste “concentré” avant un examen que celui qui n’a jamais redoublé, a bien des chances de réussir.
Comment (1)
Pour, son âge il a l’air d’être mûr ce Théo Fages et s’est bien qu’Aurélien Cologni l’est nommer capitaine du XIII de France, en espérant qu’il le mène à la victoire dimanche face au Liban .